Commentaire de l’équipe Gestion multi-actifs

Suite à l’annonce effectuée le 1er février par le président Donald Trump, nous avons appris tôt le lundi 3 février que le Mexique et les États-Unis avaient conclu un accord visant le report des tarifs douaniers pour un mois à condition que le Mexique déploie 10 000 agents à la frontière. Plus tard lundi, M. Trudeau a lui aussi annoncé la conclusion d’une entente visant le report des tarifs douaniers de 30 jours sous réserve de l’application d’un certain nombre de mesures de contrôle frontalier afin d’endiguer le trafic de fentanyl et d’autres substances illicites vers les États-Unis.

Au cas où vous aviez manqué la nouvelle, M. Trump a menacé l’imposition de tarifs douaniers à des partenaires clés, incluant le Canada, le Mexique et la Chine. Ses mesures prévoient notamment :

  • Tarifs douaniers de 25 % sur les importations du Canada et du Mexique : Ces tarifs s’appliquent à un éventail de produits, à l’exception notable des produits énergétiques canadiens, soumis à des droits de douane de 10 %.
  • Tarifs douaniers supplémentaires de 10 % sur les biens en provenance de Chine : Ces droits de douane s’ajoutent à ceux déjà en vigueur. 
  • Révocation de l’exemption de minimis : Ce changement fait en sorte que les Canadiens devront payer des droits de douane sur les achats en ligne de biens des États-Unis.
  • Clause d’indexation : Le décret prévoit une clause visant l’augmentation des tarifs douaniers en cas de riposte du Canada.

Quelles sont les conséquences possibles si une entente à long terme n’est pas conclue au terme du délai de 30 jours? 

Avant la conclusion d’une entente, les marchés ont répondu à l’imposition de droits de douane par la volatilité en raison de l’incertitude. Les marchés ne réagissent jamais bien à l’incertitude et la situation actuelle ne fait pas exception. Le recul des marchés boursiers, la montée du dollar des États-Unis et du yen ainsi que la chute des taux d’intérêt témoignent plus de craintes d’une récession que d’inquiétudes quant à l’inflation.

Les rendements obligataires ont chuté après l’annonce initiale de lundi matin, le marché redoutant un important choc de croissance et anticipant la réponse de la Banque du Canada. Ce scénario serait favorable aux fonds de titres à revenu fixe (n’oubliez pas : les prix s’apprécient lorsque les rendements baissent). Le dollar canadien a plongé, mais il a récupéré presque tout le terrain perdu et même fait mieux que certaines monnaies européennes telles que l’euro.

Si une entente à long terme n’est pas conclue d’ici la fin du sursis de 30 jours, la volatilité repartira sans doute de plus belle, ce qui risque de retenir l’attention à court terme. Toutefois, ce scénario pourrait ne pas se concrétiser : il reste encore trop d’inconnues. La meilleure chose que puissent faire les investisseurs en période d’incertitude est de garder le cap sur le long terme et de rester préparés. Comme nous ne savons pas ce qui va arriver, le fait de compter sur un portefeuille résilient et bien diversifié parmi les régions géographiques, les secteurs d’activité et les catégories d’actifs constitue un excellent remède. D’ailleurs, essayer d’anticiper les mouvements à court terme des marchés ne fonctionne que rarement, car personne ne possède de boule de cristal.

Quelle sera l’incidence à long terme des tarifs douaniers?

Nous espérons que les chefs d’État en arriveront à une entente à long terme. Or, si la situation n’est toujours pas résolue d’ici 30 jours, la guerre commerciale risque de perturber l’activité économique mondiale et d’alimenter l’inflation. Les effets se feront particulièrement sentir dans les secteurs qui dépendent de chaînes d’approvisionnement transfrontalières. Les dépenses de consommation, les bénéfices des sociétés et les marchés des capitaux risquent eux aussi d’être confrontés à la volatilité. L’impact à plus grande échelle dépendra de la durée des tarifs douaniers. S’ils s’étendent dans le temps, ils pourraient entraver la croissance des suites de la baisse des revenus d’exportation et de la hausse du taux de chômage.

Les tarifs douaniers de représailles initialement annoncés par le Canada ciblaient des biens précis pour lesquels des substituts non américains existent afin de limiter les hausses de coûts et les risques d’inflation. Si les droits de douane perdurent, des politiques budgétaires et monétaires peuvent appuyer l’économie. Le taux directeur actuel de 3 % donne à la Banque du Canada une marge de manœuvre pour baisser les taux, comme elle l’a fait en réponse à la COVID-19. De plus, les gouvernements fédéral et provinciaux pourraient financer des incitatifs fiscaux et des programmes d’emploi au moyen des tarifs douaniers de représailles dans le but de soutenir les entreprises et les particuliers touchés. 

Quelle sera la suite des choses?

Les États-Unis et ses partenaires commerciaux de l’Amérique du Nord ont beau avoir conclu un accord de principe, une grande incertitude demeure et la situation continuera d’évoluer. Si l’on se fie aux événements du lundi 3 février, l’objectif du président Trump n’est sans doute pas l’imposition de tarifs douaniers, mais plutôt la protection des frontières. Au moment d’écrire ces lignes, la Chine et les États-Unis n’avaient pas conclu d’entente; si des droits de douane sont bel et bien appliqués aux produits chinois, les consommateurs américains pourraient subir des pressions inflationnistes. Même si elle peut paraître banale, la meilleure stratégie à adopter consiste à garder le cap sur le long terme. Il est essentiel d’éviter la spéculation et les décisions émotives durant les périodes difficiles. À titre de gardiens de confiance du capital de nos clients, c’est exactement ce que nous faisons : nous évaluons prudemment l’incidence des changements de politiques à long terme sur les placements sous notre gouverne. Autrement dit, nous restons calmes et continuons de faire notre travail.

Mark Fairbairn

Gestionnaire de portefeuille, Gestion multi-actifs

Jenny Wang

Gestionnaire de portefeuille, Gestion multi-actifs