Richard Schmidt

25 août 2023

Points à retenir

  • L’envolée des titres du secteur de l’IA et des secteurs connexes a entraîné dans son sillage le rendement de l’indice général depuis le début de l’année malgré l’incertitude économique mondiale.
  • L’IA s’imposera comme un outil essentiel dans le milieu des affaires, et son utilisation gagnera encore du terrain.
  • Même si les évaluations et les attentes sont élevées, les craintes d’une nouvelle bulle techno semblent excessivement pessimistes.

L’arrivée de ChatGPT d’OpenAI à la fin de 2022 a fait bondir les titres du secteur de l’intelligence artificielle (IA) et des secteurs connexes. Le NASDAQ composé, à forte teneur technologique, a progressé de plus de 30 % depuis le début de l’année (au 22 août 2023), entraîné par des sociétés de secteurs connexes à l’IA comme NVIDIA Corporation (la figure de proue actuelle de l’IA), qui a bondi d’environ 220 % depuis le début de l’année (au 22 août 2023).

Soulignons que cette croissance survient dans un contexte où l’on s’interroge sur la vigueur des bénéfices des sociétés et de la croissance économique mondiale. Un relativement petit nombre de titres d’IA ont très fortement joué sur le rendement des indices généraux.

Qu’est-ce qui explique une telle frénésie? Tout d’abord, ChatGPT a rendu l’IA générative accessible à tous. À l’arrivée de ChatGPT en ligne, le marché sous-estimait les avancées de cette technologie. De plus, les algorithmes des grands modèles de langage de l’IA (le terme technique pour décrire la capacité de l’IA à apprendre et à reproduire, quand on lui pose des questions, des réponses propres aux êtres humains à partir d’un corpus de textes, images et autres) semblent progresser exponentiellement, au point de faire preuve de créativité, ce qu’on considérait comme l’apanage de l’humain.

On ne doute plus de la possibilité que l’IA générative s’impose comme la grande innovation qui propulsera la productivité vers de nouveaux sommets. D’un coup, les sociétés qui conçoivent des systèmes d’IA, qui investissent dans l’IA ou dans les puces qui alimentent l’IA ont pris leur envol.

Quelle est l’ampleur des débouchés de l’IA? 

L’apport de l’IA à la productivité pourrait bien être inestimable. L’IA, comme l’ordinateur personnel courant, est d’abord et avant tout un outil. Oublions pour l’instant la valeur future des sociétés du secteur de l’IA et considérons l’utilisation de cette technologie : à l’instar de l’ordinateur personnel, elle a des applications potentielles, petites et grandes, dans pratiquement toutes les entreprises.

Reste à savoir si l’IA sera réellement utile dans les activités courantes des entreprises et dans quelle mesure elle sera adoptée. Selon une étude (en anglais seulement) de PWC, l’apport de l’IA à l’économie mondiale devrait se chiffrer à 15 700 milliards de dollars américains d’ici 2030. Quoi qu’on pense de l’optimisme ou du pessimisme de cette projection, on s’entend généralement pour dire que l’IA s’imposera comme un outil essentiel pour les entreprises et qu’on l’adoptera de plus en plus à court et à moyen terme. 

NVIDIA : du jeu à l’IA

OpenAI reste une société fermée (c’est-à-dire que ses actions ne se négocient pas sur une bourse), mais le secteur compte de nombreuses sociétés ouvertes où investir. Rappelons que NVIDIA a bien profité de la vague de l’IA. La société est le chef de file mondial de la production d’unités de traitement graphique, du matériel informatique particulièrement efficace pour alimenter l’IA (on retrouve le plus souvent ce type d’unité dans les jeux vidéo, mais aussi dans le minage de cryptomonnaies). Pensons à ChatGPT, qui a été créé au moyen de matériel produit par NVIDIA. 

En général, l’équipe Gestion multiactif croit en la durabilité des tendances à long terme qui sous-tendent la prolifération des semi-conducteurs et l’avancement de l’IA. Nous cherchons constamment les meilleures avenues pour profiter de ces tendances, que ce soit en investissant dans NVIDIA, ses concurrents ou d’autres entreprises (NVIDIA profite de larges et solides barrières contre la concurrence, mais celle-ci se fait de plus en plus sentir, notamment du fabricant de puces Advance Micro Devices Inc.).

Étant donné le nombre de dimensions de l’IA et la diversité des participations dans le domaine, il n’est pas surprenant de voir figurer parmi les actions mondiales du portefeuille des titres orbitant autour de cette technologie, notamment Alphabet Inc. (auparavant, Google), Amazon.com Inc., Apple Inc., Meta Platforms Inc. (auparavant, Facebook) et Microsoft Corporation. 

Faut-il s’attendre à une bulle IA? 

Avec la récente envolée du cours des titres de sociétés du secteur de l’IA, beaucoup craignent une bulle IA, comme la bulle techno à l’aube du millénaire. Ces craintes ne sont pas sans fondement, mais si l’on considère les évaluations basées sur le ratio cours/bénéfice (C/B), c’est-à-dire le prix à payer pour un bénéfice de 1 $, elles sont encore bien loin (environ 31 fois les bénéfices pour l’indice composé NASDAQ au 14 août 2023) de ce qu’elles étaient avant que la bulle techno n’éclate (environ 200 fois au sommet1!).

Il semble donc que la croissance est plus lente que les investisseurs ne l’attendaient. De plus, contrairement à ce qu’on a vu durant la bulle techno, les technologies d’IA sont créées par des géants bien établis : Pets.com n’est plus qu’un mauvais souvenir, mais Alphabet, Microsoft et NVIDIA ne sont pas près de disparaître.

Richard Schmidt

Richard Schmidt, CFA, est gestionnaire de portefeuille adjoint au sein de l’équipe Gestion multiactif de Gestion d’actifs 1832 S.E.C. Il s’occupe principalement des fonds communs et fonds collectifs d’actions nord-américaines.